Par le Dr Mesquida Serge.
La Posturoception traite le processus postural, alors que la posturologie traite le système postural.
La différence entre système et processus est profonde.
Un processus fait appel à la Thermodynamique, un système fait appel à la Mécanique.
Pour rappel et afin de rendre plus facilement compréhensible cet article, trois notions très importantes doivent rester à l’esprit du lecteur au moins le temps de cette lecture.
Un système est composé d’un ensemble de parties dont l’assemblage permet une activité qui va apparaître sous l’influence d’une force extérieure. Le système n’a pas d’activité par lui-même, sont fonctionnement dépend de l’énergie potentielle venant du milieu extérieur. Un système ne produit pas d’énergie (ou d’activité) par lui-même.
Par exemple si l’on remplace une articulation par une prothèse, en amont ont été élaboré des pièces mécaniques, qui sont elles-mêmes l’assemblage de divers matériaux, puis le chirurgien les assemble avec les pièces osseuses existantes puis l’articulation prothétique s’active sous l’influence extérieure de l’activité neuromusculaire. Au final au terme d’année de recherche, de conceptualisation et de développement chirurgical, on arrive à ces merveilles prothétiques qui relèguent sur les étagères du passé les membres raides et les pilons de bois.
L’articulation ne crée pas l’activité du mouvement, elle a besoin d’une activité neuromusculaire environnante pour révéler ses qualités biomécaniques.
Un processus complexe est auto-émergent, il repose sur l’activité des structures qui le soutiennent et le contraignent, son activité n’est pas la résultante de la somme des activités des structures dont il émerge, elle dépasse la somme des activités des parties sur lesquelles il s’appuie pour émerger et en diffère par la nature.
Le processus postural s’appuie sur les extérocepteurs de la cohérence, du positionnement, de la charge et de la limite. En cas de dégradation fonctionnelle ou lésionnelle de la structure de soutient, le processus postural ne se réduit pas. Il puise l’énergie nécessaire à son accomplissement dans les autres structures qui participent du processus augmentant le désordre énergétique local, locorégional et général, lit de la dysfonction puis de la lésion.
Selon que l’on considère la posture sous l’angle d’un système ou d’un processus, les conséquences thérapeutiques ne sont pas du tout les mêmes.
Si l’on considère la posture sous l’angle d’un système alors la correction sera de nature orthopédique au travers une semelle orthopédique ou proprioceptive, une gouttière de désocclusion, d’un prisme oculaire, imposant une correction fixe aux différentes parties du système.
L’équilibre postural étant considérer comme la somme résultante de l’activité mécanique des différents capteurs, ce type de correction imposant une information proprioceptive fixe est sensée contrôler le système postural.
Si l’on considère la posture sous l’angle d’un processus, la correction sera de nature informationnelle, adaptative, permettant au processus de se réorganiser par lui-même pour réduire son entropie (désordre énergétique) et augmenter sa cohérence.
Dans le cas où on considère la posture comme un système la correction de nature proprioceptive, externe, fixe et à priori. Le praticien posturologue impose une correction au système.
Dans le cas où on considère la posture comme un processus la correction est de nature extéroceptive, auto référente, dynamique et à posteriori. Le praticien en Posturoception assiste le processus qui s’auto corrige.